Le club cinétac vous propose une séance ce vendredi 8 janvier 2010 en amphi Gachon.
A 20h, nous projetterons en première partie un classique du genre L’inconnu du Nord-express d’Alfred Hitchcock, 1951.
Dans un compartiment de train roulant en direction de la petite ville de Metcalf, deux hommes conversent : l'un Guy est un professionnel du tennis, l'autre Bruno se fait passer pour l'un de ses supporters. Bruno parle du vertige de la vie moderne, de l'ivresse de la vitesse, puis il propose à Guy le marché suivant : "Ce qui rend un crime imparfait, c'est qu'on peut remonter des mobiles à l'auteur. Supprimons les mobiles par un échange de crimes. Je tuerai votre femme qui refuse le divorce et vous tuerez mon père.".... Guy éconduit Bruno. Il descend à Meclaf et va voir sa femme, vendeuse dans une boutique de disques. Elle lui annonce que bien qu'enceinte des oeuvres d'un autre homme, elle n'est nullment décidée à divorcer maintenant qu'il est sur le chemin de la réussite et va sans doute gagner beaucoup d'argent. Guy ne pourra donc épouser celle qu'il aime, Anne, fille d'un sénateur. Bruno lui décide de prendre les devants. Il guette la femme de Guy tandis qui, en compagnie de deux amis, se rend dans un parc d'attractions . Là croisant un enfant déguisé en cow-boy et qui s'amuse à braquer sur lui un revolver, il fait éclater son ballon d'une brûlure de cigarette. Puis la bande s'embarque sur un lac et sur une petite ile, terminus du "tunnel de l'amour" Bruno étrangle la femme de Guy. La scène est filmée dans les verres de ses lunettes tombées dans l'herbe. L'assassin aura ensuite beau jeu pour faire chanter le tennisman, il le tient sous l'effet d'une espèce d'envoûtement, lui faisant endosser la responsabilité d'un crime en même temps que son profit. Il lui apparaît à chaque détour du chemin comme sa propre image reflétée dans un miroir à peine déformant, comme son double maléfique.
Le film contient des scènes célébrissimes : le début, avec la rencontre des deux paires pieds, le meurtre vu aux travers des lunettes, Bruno ne tournant pas la tête comme les autres spectateurs du match de tennis, le montage parallèle entre le match de tennis et Bruno cherchant à récupérer le briquet tombé dans une bouche d'égout, la scène finale sur le manège.
Suivi à 22h d’un film libanais nommé Caramel, de Nadine Labaki, 2007
C’est doux, c’est chaud, c’est voluptueux, charnel... C’est un film doré comme le caramel à l’orientale, mélange de sucre, de citron et d’eau qui sert à faire une peau lisse et douce. Un film doré comme les gâteaux au miel, comme la lumière qui fait du salon de coiffure de Layale un cocon paisible. Elles pourraient presque se passer de mots tant elles se connaissent par cœur. Elles ont fini par tout apprendre les unes des autres tandis qu’affleurent à la surface frustrations, souffrances cachées, désirs inavoués ou inavouables...
Nous sommes au Liban et dans cet endroit minuscule, c’est le rapport de la société libanaise avec ses femmes qui se révèle dans leurs demi-aveux, avec toutes ses contradictions et toutes les nuances d’une culture aux influences multiples, mêlant l’orient et l’occident, à la fois exotique et familière. De fait, quand on la voit, superbe brune aux yeux immenses, dans la peau de Layale, on n’imagine pas qu’elle puisse parler d’autre chose que d’amour.
C’est rien de dire que Layale respire la sensualité. Tout dans le décor de son salon de coiffure est à l’unisson de sa nature solaire et on n’a aucun mal à croire qu’elle obnubile le gentil flic qui veille sur le quartier au point qu’il accepterait même de se faire trancher les moustaches pour lui plaire. Elle est chrétienne, la trentaine, et comme pratiquement toutes les filles qui ne sont pas mariées au Liban, elle vit chez ses parents. Amoureuse d’un homme marié, elle vit une relation faite de rencontres furtives qui la laissent honteuse, mais follement accro. Nisrine, elle, est musulmane, se prépare au mariage et ne sait plus s’il faut ou non dire à son futur qu’elle n’est plus vierge. Doit-elle se faire recoudre comme beaucoup de filles libanaises musulmanes dans cette situation, lui dire, ou se taire ?... Rima a un côté androgyne prononcé. Elle n’est ni voluptueuse ni coquette comme ses copines, et quand une belle brune mystérieuse, dont on ne saura jamais le nom, prend l’habitude de venir lui confier son immense chevelure, elle commence à prendre conscience de son attirance pour les femmes, que ses copines ont repéré depuis belle lurette, mais dont personne ne cause tant le sujet est tabou dans le coin. Rose est restée toute sa vie célibataire, pour ne pas lâcher sa sœur un peu zinzin, une vieille toupie égoïste autant que rigolote obsédée par un amour de jeunesse contrarié, et qui mène une vie d’enfer à sa cadette qu’un adorable vieux monsieur courtise...mais quand on est veuve ou divorcée au Liban, ou simplement un peu mûre, pas question d’être amoureuse au-delà d’un certain âge sans se couvrir de ridicule !
Si le film fait la part belle aux femmes, les hommes qui tournent autour d’elles comme autour de la lumière, sont loin d’être odieux ou croqués à la légère, du policier romantique à l’élégant Charles, qui tombe amoureux de Rose, en passant par le fiancé de Nisrine... ils sont tous intéressants et touchants, piégés par le poids persistant des traditions, bousculés par l’évolution des mœurs, maladroits avec des femmes qui les fascinent, les impressionnent et qu’ils comprennent mal.
Caramel est un film spontané, chaleureux, humain, sensuel, drôle... il se colore, presque malgré sa réalisatrice, d’un message politique : constat sur la société libanaise vue du côté des femmes, il rappelle que la coexistence entre les différentes religions et races est naturelle, spontanée et « qu’il faudra bien qu’on trouve un jour le moyen de vivre ensemble malgré toute nos différences »... Une semaine après la fin du tournage, Beyrouth était bombardée.
En espérant vous voir nombreux ce vendredi.
Le club cinétac.
A 20h, nous projetterons en première partie un classique du genre L’inconnu du Nord-express d’Alfred Hitchcock, 1951.
Dans un compartiment de train roulant en direction de la petite ville de Metcalf, deux hommes conversent : l'un Guy est un professionnel du tennis, l'autre Bruno se fait passer pour l'un de ses supporters. Bruno parle du vertige de la vie moderne, de l'ivresse de la vitesse, puis il propose à Guy le marché suivant : "Ce qui rend un crime imparfait, c'est qu'on peut remonter des mobiles à l'auteur. Supprimons les mobiles par un échange de crimes. Je tuerai votre femme qui refuse le divorce et vous tuerez mon père.".... Guy éconduit Bruno. Il descend à Meclaf et va voir sa femme, vendeuse dans une boutique de disques. Elle lui annonce que bien qu'enceinte des oeuvres d'un autre homme, elle n'est nullment décidée à divorcer maintenant qu'il est sur le chemin de la réussite et va sans doute gagner beaucoup d'argent. Guy ne pourra donc épouser celle qu'il aime, Anne, fille d'un sénateur. Bruno lui décide de prendre les devants. Il guette la femme de Guy tandis qui, en compagnie de deux amis, se rend dans un parc d'attractions . Là croisant un enfant déguisé en cow-boy et qui s'amuse à braquer sur lui un revolver, il fait éclater son ballon d'une brûlure de cigarette. Puis la bande s'embarque sur un lac et sur une petite ile, terminus du "tunnel de l'amour" Bruno étrangle la femme de Guy. La scène est filmée dans les verres de ses lunettes tombées dans l'herbe. L'assassin aura ensuite beau jeu pour faire chanter le tennisman, il le tient sous l'effet d'une espèce d'envoûtement, lui faisant endosser la responsabilité d'un crime en même temps que son profit. Il lui apparaît à chaque détour du chemin comme sa propre image reflétée dans un miroir à peine déformant, comme son double maléfique.
Le film contient des scènes célébrissimes : le début, avec la rencontre des deux paires pieds, le meurtre vu aux travers des lunettes, Bruno ne tournant pas la tête comme les autres spectateurs du match de tennis, le montage parallèle entre le match de tennis et Bruno cherchant à récupérer le briquet tombé dans une bouche d'égout, la scène finale sur le manège.
Suivi à 22h d’un film libanais nommé Caramel, de Nadine Labaki, 2007
C’est doux, c’est chaud, c’est voluptueux, charnel... C’est un film doré comme le caramel à l’orientale, mélange de sucre, de citron et d’eau qui sert à faire une peau lisse et douce. Un film doré comme les gâteaux au miel, comme la lumière qui fait du salon de coiffure de Layale un cocon paisible. Elles pourraient presque se passer de mots tant elles se connaissent par cœur. Elles ont fini par tout apprendre les unes des autres tandis qu’affleurent à la surface frustrations, souffrances cachées, désirs inavoués ou inavouables...
Nous sommes au Liban et dans cet endroit minuscule, c’est le rapport de la société libanaise avec ses femmes qui se révèle dans leurs demi-aveux, avec toutes ses contradictions et toutes les nuances d’une culture aux influences multiples, mêlant l’orient et l’occident, à la fois exotique et familière. De fait, quand on la voit, superbe brune aux yeux immenses, dans la peau de Layale, on n’imagine pas qu’elle puisse parler d’autre chose que d’amour.
C’est rien de dire que Layale respire la sensualité. Tout dans le décor de son salon de coiffure est à l’unisson de sa nature solaire et on n’a aucun mal à croire qu’elle obnubile le gentil flic qui veille sur le quartier au point qu’il accepterait même de se faire trancher les moustaches pour lui plaire. Elle est chrétienne, la trentaine, et comme pratiquement toutes les filles qui ne sont pas mariées au Liban, elle vit chez ses parents. Amoureuse d’un homme marié, elle vit une relation faite de rencontres furtives qui la laissent honteuse, mais follement accro. Nisrine, elle, est musulmane, se prépare au mariage et ne sait plus s’il faut ou non dire à son futur qu’elle n’est plus vierge. Doit-elle se faire recoudre comme beaucoup de filles libanaises musulmanes dans cette situation, lui dire, ou se taire ?... Rima a un côté androgyne prononcé. Elle n’est ni voluptueuse ni coquette comme ses copines, et quand une belle brune mystérieuse, dont on ne saura jamais le nom, prend l’habitude de venir lui confier son immense chevelure, elle commence à prendre conscience de son attirance pour les femmes, que ses copines ont repéré depuis belle lurette, mais dont personne ne cause tant le sujet est tabou dans le coin. Rose est restée toute sa vie célibataire, pour ne pas lâcher sa sœur un peu zinzin, une vieille toupie égoïste autant que rigolote obsédée par un amour de jeunesse contrarié, et qui mène une vie d’enfer à sa cadette qu’un adorable vieux monsieur courtise...mais quand on est veuve ou divorcée au Liban, ou simplement un peu mûre, pas question d’être amoureuse au-delà d’un certain âge sans se couvrir de ridicule !
Si le film fait la part belle aux femmes, les hommes qui tournent autour d’elles comme autour de la lumière, sont loin d’être odieux ou croqués à la légère, du policier romantique à l’élégant Charles, qui tombe amoureux de Rose, en passant par le fiancé de Nisrine... ils sont tous intéressants et touchants, piégés par le poids persistant des traditions, bousculés par l’évolution des mœurs, maladroits avec des femmes qui les fascinent, les impressionnent et qu’ils comprennent mal.
Caramel est un film spontané, chaleureux, humain, sensuel, drôle... il se colore, presque malgré sa réalisatrice, d’un message politique : constat sur la société libanaise vue du côté des femmes, il rappelle que la coexistence entre les différentes religions et races est naturelle, spontanée et « qu’il faudra bien qu’on trouve un jour le moyen de vivre ensemble malgré toute nos différences »... Une semaine après la fin du tournage, Beyrouth était bombardée.
En espérant vous voir nombreux ce vendredi.
Le club cinétac.